Du 17 au 25 septembre 2020 – Porto-Heli – Kilada
17 septembre
Un cyclone est en cours de construction sur le sud du Pélopponèse.
Le renforcement du Meltem à 45 nœuds que nous avons subi pendant la traversée de Sérifos à Porto-Héli n’en était que les prémices.
Nous sommes accostés au port public de Porto-Héli, à l’abri de la mer dans cette baie fermée, mais le vent peut rester un danger sérieux, notamment lorsqu’il souffle de sud.
Donc nous appareillons pour le mouillage et mouillons 40 mètres de chaîne sur 4 mètres de fond vaseux.
18 septembre
En deux vacations avec l’annexe ( sinon, Espadon + Barracuda + bagages = mouille-cul assuré, sauf vot’ respect… ), la vie du bord bascule de l’équipe qui navigue depuis 14 ans ensemble à la solitude du marin.
Les boules de mouillage sont un peu difficiles à ranger dans la cale…
Un signe de main, deux « groumphhs », et les adieux sont faits. Moteur à fond à plus de 15 nœuds (oui, le moteur dépote), et retour à bord.
Le cyclone « Ianos » approche.

Prévu pour arriver sur Athènes, il sera finalement bloqué dans sa progression par les monts du Péloponnèse, et en gagnant en puissance, se déversera sur les îles Ioniennes, avec des dégâts matériels et humains.

Du 19 au 22 septembre.
Le vent ne montera pas au-delà de 25 nœuds, par contre, des pluies diluviennes s’abattent sur la rade.
Le 21, je remets le bateau à quai pour faire de l’eau douce par camion (ici, l’eau de ville est saumâtre).
J’en profite pour explorer à pied la crique la plus profonde de la rade, celle dont le trop-plein alimente la lagune aux anguilles qui a fait le nom de Porto-Héli.

Le 22 après quelques course essentielles, j’appareille vers un mouillage que je connais bien au nord de l’île de Spetsai , pour passer mon dernier jour en mer avant la mise à terre d’Amarante.

En route vers la baie connue, le vent se met à souffler du fond du golfe Argolique, ce qui m’amène à faire le tour de l’île pour trouver un abri confortable.
Je repère une baie : un seul bateau. Je m’approche, en fais un tour circonspect, et réalise que le bateau est au centre de la baie, petite, qu’on m’observe, et que je vais le déranger en mouillant près de lui : je fais donc demi-tour…
L’avant à peine tourné vers le large, alors que je jette un œil machinal en arrière, j’aperçois le capitaine du bateau qui fait de larges signes des bras en criant: help! Help!
Après un échange à portée de voix, je décide de mouiller près de lui, et il arrive aussitôt avec son annexe monoplace à rames.
- Hello, I am Tom, and you?
- Bruno, hi!
- I am in trouble: my anchor chain is stuck in another anchor, and my windlass doesn’t work anymore. Can you repair it for me?
- Well, Tom, let’s see what we can do, euh, euh, euh.
Et sur ce, il me sort d’un sac étanche un téléphone et me montre une vidéo de son guindeau dont il a ouvert le ventre.
La seule chose à faire est de constater de visu. J’embarque donc dans le yoyou monoplace, et assois un quart de fesse sur le tableau arrière pour éviter les coups de rame, tandis que mon short prend l’eau.
Après inspection, il s’avère qu’une goupille de blocage d’engrenage est tombée, rendant le mécanisme inopérant. Trois coups de maillet sur les doigts plus tard, le guindeau tourne.
Mon hôte, aux anges, me dit:
- Ok, I go in the water to check the chain and you move my boat to ease up the chain and make it free.
- No way my friend, I go in the water and you move the boat (jamais je ne laisserai un inconnu manoeuvrer Amarante avec moi dans l’eau…)
Le bateau dégagé, nous faisons connaissance : Tomasz est polonais, médecin installé à Berlin et navigue seul sur son bateau la plupart du temps.
Nous buvons ensemble le(s) verre(s) de l’amitié, échangeons des photos, et nous quittons, amis pour toujours.
C’est beau la mer, non?

Take care, Tomasz !

J’en ai profité pour faire des photos d’Amarante de l’extérieur…

Belle barque, non?
S’ensuit un bel après-midi de voile sous 18 nœuds de vent portant.


Je termine la journée au mouillage en eau tranquille sur rade de Kilada.

23 septembre
A 09h00, ponctuel à son habitude, le chantier Basimakopoulos récupère Amarante, et le place sur son ber pour l’hiver.


25 septembre
Aaaargh! Le bateau est prêt pour s’endormir.
Les travaux sont commandés, les voiles dégréées, le nettoyage et les lessives faites.
Allez, un dernier coup de Rapsani et en route.

Kilada,
Le 25 septembre 2020
Caposud
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