S/Y AMARANTE
23 juillet 2018
Nous sommes toujours au chantier Tsagarinos à Perama.
La mise place des batteries ne pourra se faire que dans la journée. La mise à l’eau du bateau pour ce matin est maintenue. Michel nous indique que nous pourrons rester dans la darse aussi longtemps que nécessaire, et en plus, branchés au secteur…

Peu après la mise à l’eau, un fort vent d’ouest se lève. Il monte rapidement à 30 nœuds, puis 45, avec des rafales à 50. Je n’avais jamais vu l’anémomètre bloqué : le cadran s’arrête à 55 nœuds.
Les ouvriers du yard reviennent sécuriser le bateau : quatre amarres de bout et deux gardes, qui nous maintiennent au milieu du bassin dans lequel nous avons au moins un demi-mètre de creux.
Dehors, le plan d’eau des bassins est blanc d’embruns, et les bâches sur les bateaux en travaux battent au vent.
Après une période d’observation du comportement d’Amarante, nous décidons d’aller déjeuner à terre.

De gros nuages noirs et jaunes se sont formés entretemps. Le chauffeur du taxi qui nous ramène du restaurant nous apprendra que l’incendie fait rage au nord-est d’Athènes : au moins six foyers attisés par le vent fort, menacent des maisons et des voitures sur l’autoroute.
Nous apprendrons le bilan plus tard. 80 morts, deux ferries à rampe arrière réquisitionnés pour évacuer les rescapés sur les plages : ceux qui avaient pu s’échapper de leur voiture, de leur maison ont couru à la mer et se sont parfois jetés des falaises du bord de mer pour échapper aux flammes.
Une proposition du chauffeur de taxi qui nous reconduit à bord, pour le futur : on leur brûle une branche à ceux qu’on attrape ?
De grandes décisions ont été prises pendant le dernier week-end à bord : Amarante ne reviendra pas à Corbières.
Le port est trop encombré, et plutôt cher, même si sa localisation est exceptionnelle, et je continue d’y payer la place à quai lorsqu’Amarante navigue, et ce plus de quatre mois par an.
Les travaux sur les « petits navires » comme Amarante sont bâclés, ou même refusés : depuis que le port accueille des grands navires, les prestataires font de gros contrats ou il est plus facile de remplacer que d’entretenir ou réparer.
Le coût et l’organisation des convoyages : Grèce 2018, Croatie 2014, Grèce Ionienne 2012, le coût est énorme comparé à celui de la navigation côtière. De plus, il est difficile de recruter des candidats au convoyage, même si l’expérience vécue pendant le voyage aller avec Nemo et Loptimist, co-équipiers rencontrés sur « Voguavecmoi.com », reste une magnifique aventure nautique et humaine. Les amis, eux, ont leurs contraintes de calendrier, et préfèrent quoiqu’il en soit naviguer en côtière…
Plusieurs solutions sont envisagées qui passent par la mise au sec d’Amarante pendant la période d’hiver : en France à Port Saint Louis du Rhône ou Martigues, en Sardaigne à Cagliari, et pourquoi pas… en Grèce.
La Grèce est vaste, accueillante et pleine d’attraits.
C’est un « continent marin » : une multitude d’îles et de régions en façade maritime. On doit pouvoir y naviguer 5 ans au moins en changeant d’environnement maritime chaque année.
La qualité de vie : gentillesse des grecs, nourriture, prix, absence de pression règlementaire aberrante comme en France, obsédée de norme européenne et d’asservissement du peuple pensant.
La qualité et le prix des services, le niveau de compétence des prestataires rencontrés (bon ici, le temps ne coule pas à la même vitesse, les stocks d’équipement sont au minimum et il vaut mieux se créer un réseau par recommandation « de-bouche-a-oreille ») tous ces éléments orientent la décision.
Quelques recherches sur internet, et des demandes de tarifs partent.
Les retours, rapides, permettent d ‘envisager deux solutions : Prévéza sur la côte Adriatique, et Kilada, sur la façade Est de Péloponnèse.
L’intérêt de Prévéza est justement d’être en Adriatique, donc proche de l’Italie et de la Croatie, d’offrir de bons tarifs, deux marinas sûres, et des ports à sec.

En Grèce, il y a peu de marinas et de ports à sec sûrs, mais leur avantage est leur situation géographique, et leurs tarifs.
Le choix se porte sur le chantier Basimakopoulos à Kilada, ou de nombreux navigateurs d’Europe de l’ouest y font déjà hiverner leur bateau. Mes contacts locaux me confirment la qualité du « yard ».
Comme je dois revenir en France en Aout, je négocie un retour au Shipyard Tsagarinos du 26 juillet au 10 septembre.
24 juillet
Les batteries, et la commande pilote arrivent ce mardi matin.
L’électricien de Rémora Ltd, la société qui a aussi assuré le remontage du propulseur et de la bague de sortie d’arbre d’hélice, vérifie les chargeurs, l’alternateur, la charge de chaque batterie, le moniteur de charge, bref, tout y passe. Il connait son affaire.
Au fait, Remora, est une société de services nautiques polyvalent (spécialistes moteurs, transmissions marines électricité/électronique, avec sous-traitants coque)basée au Pirée :
Remora Ltd
Panos Mantouvalos, Directeur
96 Papanastasiou St Piraeus, Greece 18533
+30 6944 793905
Ateliers au Pirée, Corfou et Mikonos.
Aux essais avant appareillage, le générateur ne crache pas d’eau de refroidissement à la coque : je suis bon pour un changement de rouet de pompe…
Nous appareillons en fin (enfin) d’après-midi en direction de la baie de Mesagros, à l’est de l’île d’Aigina, ou nous avons déjà escalé avec Profitéole et Kalimera.
Le ciel est encore chargé de fumées : image dantesque du ciel et de la mer.


Le mouillage est tranquille sous le ciel chargé des fumées de l’incendie.
Tout fonctionne à bord, et pour une fois, nous ne dormirons pas avec le groupe électrogène en route…
24 juillet 2018
Caposud
