
S/Y AMARANTE
21 juin 2015

Adieu Porto Ottiolu, le dernier port de la Costa Smeralda, humble, bon marché, accueillant, et niché dans la belle nature méditérranéenne.

Nous passons la bouée qui marque le haut fond en sortie, au sud.

Et mettons le cap sur Arbatax.
En mer, les talents s’expriment, et les attitudes des marins prennent toute leur ampleur dans la vérité crue de la rudesse de leur métier confronté à l’exigence de la Mer.



La Punta Su Mastixi est doublée vers 12h30.
Ce n’est pas la consonance anatomique de son nom qui intéresse au premier abord.

Le spectacle de sa partie nord, empilement de touches de piano sombres plongeant dans des eaux huileuses évocatrices de légendes antiques et de chants envoûteurs, est un appel à l’exploration d’autres lieux.
La lumière aidant, la partie sud apparait plus attirante.


Les marins veillent et se rafraichissent.
A 15h22, nous ancrons Amarante, docile, devant l’entrée des grottes del bue Marino, le phoque moine (*).
(*) Phoque moine. Cet animal placide, en accord avec l’éducation reçue de ses proches et avec la cooptation de ses pairs, passe la plus grande partie de sa vie à s’engraisser. Il passe le reste du temps à se trainer sur des rochers ou à explorer des grottes. Si le phoque moine recherche compagne, il se complait dans la multiplicité voyante. La position la plus enviable pour le phoque moine est d’être élu chef de troupeau. Pour cela, il utilise tous les subterfuges possibles, et s’appuie sur d’autres phoques moins moines. Il porte alors ce qu’on nomme une cravate et des manches de chemise, de couleur et de longueur variables, et des lunettes.
Lorsqu’il atteint ce haut niveau social, on reconnait un chef phoque moine heureux à son sourire béat. On l’appelle alors chef-phoque-moine-heureux-béat.
NB : Toute ressemblance avec un personnage existant serait fortuite.

Le phoque moine était roi ici il y a quelques décennies. La fréquentation des grottes par l’humain, l’a fait disparaître du lieu.

Nous allons notre chemin à bord de l’annexe, moteur à bas régime, afin de respecter l’environnement et de ne pas se prendre une stalactite sur la tronche.



Le monstre qui boit…

On entre dans la grotte,

Et on voit la glotte…


Nous franchissons les jetées d’Arbatax à 20h30, accueillis par l’Ormeggiatore de service, courtois, efficace : un homme de mer, comme le sont les Sardes, avec l’empathie des Italiens.
Arbatax, le 21 juin 2015
Cap au Sud
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