Du 10 au 17 juin 2014 – Palerme – Dubrovnik

 

 

S/Y AMARANTE

 

Du 10 au 17 juin 2014

 

Tandis, qu’Ol et Fish sail together a Marsiglia, je, Capo al Sud, reste avec Amarante pour le préparer avant son positionnement vers Dubrovnik.

C’e poco lavoro a bordo…

 

Le fier Anglais, skipper du bateau d’à côté, a fait réviser ses voiles par un voilier local. Il a beau être ce qu’il est, l’Anglais, vu son navire, le voilier qu’il emploie doit être bon.

De fait : Marco, le voilier, aimablement contacté, promet de réviser Grand-voile et Génois d’Amarante pour la veille du départ à 18h00. Le prix sera raisonnable si je m’occupe du gréement / dégréement.

Chose dite, chose faite, tandis que l’Anglais fait faire, le François fait. Génois et GV sont pliées, brélées, prêtes à partir en una ora, ma che !

 

Les courses au Carrouffe du coin sont pliées en une heure, dont une demi-heure de queue avec trois resquillards-qui-n’ont-qu’un-article-prego, grazzie mille-io t’entubo-arrivederchi.

Le troisième est quand même reparti à la queue : il faut pas trop le chauffer le Capo al sud , même que c’était un immigré, illégal, de couleur, et de plus protégé par la CEE.

 

Du coup, on m’a ouvert une caisse rien que pour moi. Non mais ! L’intégration, ça passe par la queue.

 

Histoire de décompresser, un petit jogging d’une heure sur le front de mer me remet les idées humanistes, internationalistes et pluriethniques compatissantes en place, et je rentre à bord.

 

Le lendemain, 11 juin, j’accueille Lartimon, mon nouvel équipier.

Enfin j’essaie.

 

Alors que je marche vers la Stazione Centrale, lieu d’arrivée de la navette de l’aéroport, je suis hélé par un véhicule à trois roues, genre vespa-tricycle baché façon marchand de glaces, qui me propose jovialement en sicilo-italien de me transporter, Francese: no problema, il pezzo(prix): no problema, Stazione Centrale: no problema, avanti !

 

Pourquoi pas me dis-je in petto: je dois trouver des cartouches pour l’imprimante, prendre de l’argent et passer à une pharmacie.

 

Il est 11h45. A pied, impossible à boucler avant midi.

S’ensuit alors une violente chevauchée dans les rues piétonnes de Palerme (molto traffico dans les rues ‘normales’), tandis qu’on me prie de me pencher dans les virages et de ne rien laisser dépasser de la capote, ce qui pour un marin est une obligation professionnelle.

N’ayant pas pu être éjecté, les voitures croisées ayant abdiqué leur priorité, et les piétons agressés s’étant prestement rangés, mon chauffard hilare, regardant plus les ragazze rencontrées (les filles en italien, pour ceux qui pratiquent), que la route, me conduit en moins d’un quart d’heure aux endroits voulus, et me dépose à la navette, décoiffé.

 

Et, finalement, Lartimon et moi rejoignons, par le même touk-touk décoiffant, le port, où je paie le prix arnaqué non convenu, no problema…

Juste à temps pour donner la main au re-gréement d’Amarante.

 

12 juin

 

Nous appareillons à 08h05 ce 12 juin, et franchissons les jetées du plan d’eau fétide du port de Palerme à 11h52.

 

Dans le calme plat de l’anticyclone qui règne sur la mer Eolienne, la vie du bord se met rapidement en place : boire, manger, dormir, contempler.

 

 

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Tandis que Lartimon s’en roule une à l’arrière.

 

 

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Capo dello sud lit une histoire de corsaire français écrasant des navires anglais dans les eaux de l’Ile de France : j’aime.

 

 

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Savez-vous ce qu’a répondu Surcouf à un capitaine anglais qui lui disait que les marins français se battaient pour l’argent et les marins anglais pour la gloire ? « Chacun se bat donc pour ce qu’il n’a pas ». C’est mon livre qui le dit.

 

Et bientôt se profilent les deux sommets jumeaux de l’Isola Salina.

 

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13 juin

 

La nuit a été calme, et au matin, les formalités portuaires exécutées, et le pont nettoyé, nous appareillons de Salina.

Salina n’a pas grand intérêt, à par son port, bien équipé mais cher. Je préfère de loin Lipari.

 

 

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Destination le détroit de Messine et Santa Maria di Leuca, dernière étape avant l’Adriatique.

Messine, Amarante connait…

 

Le Capo Peloro, à l’entrée Nord Ouest du détroit

 

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Les pêcheurs d’espadon

 

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et les courants contraires : difficiles à éviter quand on emprunte le détroit, et qui font passer la vitesse de 7 à 4,5 nœuds, moteur à 2500 tours.

 

La mer est d’huile dès la sortie du détroit –nous doublons le Capo dell’Armi à 18h59 – et elle le restera toute la nuit.

 

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14 juin

 

Vers deux heures du matin,  Lartimon, de quart, entend le moteur brutalement ralentir et suffoquer. Hélé, je bondis dans le cockpit.

Larti (mon) a judicieusement mis le moteur au ralenti. Il tourne toujours (le moteur).

 

Après quelques essais, nous repartons, mais il nous manque un nœud et demi de vitesse à l’allure de route. Je crains d’avoir encapé un bout ou un filet.

En fin de nuit, le vent de Sud Est se lève, qui nous permet à la voile et au moteur de retrouver une vitesse de 7,5 nœuds (vous devriez essayer aussi Grand Voile + Artimon + génois bordé serré au moteur… ça marche du tonnerre de Zeus).

 

A la nuit tombée, Nous franchissons les jetées de Santa Maria Di Leuca, et accostons à 20h42, cul à quai, sur pendille.

 

15 juin

 

Ce matin, bien sûr : plongée de contrôle, qui permet d’enlever en une demi-heure, un filet intimement enroulé autour de l’hélice.

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Le bruit que nous faisons, Lartimon avec sa voix de stentor, et moi-même avec mes bulles, met un voile de reproche-genre-la-tronche sur le visage de la Captive de notre voisin de panne.

 

A 11h35, débarrassé de ses entraves inélégantes, Amarante procède vers le quai à gas-oil, et, le plein fait, non sans poser le bateau au fond en sortant, (le préposé nous avais dit d’appareiller transversalement… mais curieusement, Amarante, pourtant très manœuvrant, ne marche pas en crabe), nous appareillons, direction Dubrovnik.

 

En route libre, tandis que L’Art Timon, heureux de la traversée qui s’annonce, range les pare-battages et les aussières,

 

 

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La Punta Meliso, le Sud du sud de l’Italie, défile sur babord.

 

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Plus tard dans la nuit, le vent de sud est s’établira à 15 nœuds, et nous mettrons à la voile. Sous cette allure portante, Amarante file ainsi ses 7,5 nœuds.

 

16 juin

 

Au matin, le vent monte à 20 puis 25 nœuds du sud-est, et nous établissons toute la toile au petit largue.

 

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Cap au sud, Artimon et Amarante de Lestaque se régalent tous, tandis que le temps vire aux grains et à l’orage.

 

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L’écueil de Grebeni sort bientôt sur tribord-avant de la purée de pois qui voilait jusque-là l’horizon, tandis qu’Amarante marche à 9 nœuds sous voilure maintenant réduite.

 

 

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Nous embouquons enfin le chenal d’entrée vers Grùz, le port de Dubrovnik, à 11h30.

Après quelques manœuvres délicates sous le vent de sud-est qui souffle en enfilade dans le chenal (nous réussissons à accoster au mauvais quai, puis en appareillant à nouveau, nous remontons la chaine d’ancre du bateau – sans humour – d’à côté), nous nous retrouvons consignés au quai de la douane.

 

Motif : défaut de présentation de l’attestation de paiement du droit de navigation français.

 

 

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Le quai de l’oubli

 

Finalement, un peu fatigués, à 16h30, nous pouvons appareiller : les documents reçus de France ont été dûment produits.

Ce contretemps ne nous choque pas d’ailleurs: l’administration Croate fait son travail, et si cet état est membre de la CEE depuis juillet 2013, les procédures ‘Shengen’ ne sont pas encore en place, ni l’euro, d’ailleurs : la Kuna Croate est toujours la monnaie unique. Que Dieu les protège pour la suite

 

Quand on côtoie la courtoisie des Croates (j’avais eu un autre son de cloche avant de partir..), leur respect des règles de comportement, routier en particulier, alliés à leur maîtrise de l’anglais, on ne peut que leur souhaiter de ne pas perdre ces qualités lorsqu’ils seront totalement intégrés dans l’Union Européenne.

 

Après avoir remonté la rivière Rijeka, prononcer ‘riyeka’,

 

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nous « voyons arriver » la marina ACI, nichée dans une vallée calme, qui sent bon la terre le pin et le figuier.

 

 

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Ce changement de monde, ce calme nous donnent un sentiment d’irréel.

La journée du 17 juin sera consacrée au départ de Lartimon, et pour moi, au nettoyage et à l’avitaillement d’Amarante.

Marina de Dubrovnik le 17 juin 2014

 

Cap  Au Sud

 

 

 

 

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