S/Y AMARANTE
29 septembre 2013 – Porquerolles– L’Estaque
Oui, le Barracuda, tu oublies de mentionner qu’il a fallu reprendre le mouillage 5 fois hier soir! Fond de posidonies : Amarante n’aime pas ça avec des rafales à 30 nœuds.
Ça a fini par tenir avec 45 mètres de chaîne, mouillée sur une tache claire de sable à 2.50 mètres de fond.
Mouillés le furent, nos culs marins, à l’aller et au retour de l’expédition vers l’auberge porquerollaise que tu cites en ton récit, Vieux Barrac’, tandis que nous chevauchions les vagues, sur les bancs du canot-à-boudins d’Amarante lancé dans l’obscurité houleuse.
Nuit calme malgré tout, et à 07h00, nous appareillons dans l’aube grise et humide du vent Marin.
A ce moment, il reste 15 nœuds de vent d’est.
Nous mettons à la voile pour passer au large et au portant, le cap Sicié, et ce, le plus rapidement possible : on annonce un coup de Nord Est dans la journée. La houle de sud-est est creuse et puissante : Amarante godille du train comme une cagole en fin de soirée.
Et le coup de Nord Est, on se l’est pris, peuchère… En plein dans les Iles de Marseille, déboulant de la montagne en rafales à 35 nœuds. Même qu’il était plein Nord.
Là, tu comprends, on sort un bout de grand-voile, genre string minimaliste, le moteur embrayé au ralenti, et on rase la côte au nord pour se donner du champ sous le vent en cas de problème. Amarante s’incline, et trace sa route à huit nœuds par vent de travers.
Bien vu : les grains arrivent, et nous plongent dans un déluge. La visibilité est nulle et le bruit assourdissant.
Amarante se prend des claques dans le string. La dérive est impressionnante : 15° de cap à droite.
Quand le cap de Jarre de l’île de Jarron est doublé par Bâbord, nous confirment le radar et le lecteur de cartes : nous mettons le cap au sud-ouest, et la tension tombe !
Le reste, de l’île Maïre au cap de Croix de l’île Ratonneau, est une navigation d’anthologie de la marine à voile.
Aux grains, restés à mettre de l’eau dans le pastis des Ciotadins, succède un ciel chargé, tandis qu’Amarante est mis au près bon plein, toutes voiles dehors. Le bateau avale la route à 8.5 nœuds dans les 20 nœuds résiduels du vent qui s’est maintenant calé à l’est.
Pour que tu comprennes bien, voici la copie de carte.
Passé le château d’If, le vent continue à mollir,

Et, après une traversée Porquerolles – l’Estaque de 50 milles en 6 heures, soit une moyenne de 8.3 nœuds, nous rejoignons le port d’armement d’Amarante.
Le vent ayant épuisé ses ardeurs, nous manœuvrons Amarante bellement, et ce, sans propulseur d’étrave, celui-ci, si tu suis sans souci de son histoire la séquence (dis-le à voix haute, pour voir), étant tombé en panne à Ostia.
Voici qui termine la version 2013 de la virée nautique des frangins, après 733 milles parcourus en 15 jours sur les côtes ligures et toscanes.
Il est temps de mettre Amarante en veille, non sans le parer du présent d’une admiratrice attentionnée.

Que Neptune fasse souffler un vent favorable sur vos navigations!
A bord d’Amarante de Lestaque,
L’Estaque, le 29.09.2013
Captain Trudd, dit Capo Sud
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