14 juin 2012 – Olbia – Lipari

 

 

S/Y AMARANTE

 

Marina di Olbia, le 14 Juin.

 

Il était censé tomber à 20h00, le vent d’ouest : il est resté en fait établi entre 25 et 30 nœuds jusqu’au matin.

Dans ce cas, tu bisques, mais pas de risque, et selon un dicton peu connu mais fort appropriu :

la brafougne,

quand t’es dedans, t’assures,

quand t’y est pas, t’attends.

 

Ça nous aura au moins laissé le temps de vaquer à quai : faire de l’eau, téléphoner aux chers et chères, aspirer les miettes de la vie humaine en promiscuité, dans l’attente de l’horaire favorable. 

En effet, il est plus judicieux d’atterrir de jour sur les îles éoliennes, notre prochaine étape.

 

Après un déjeuner fidèle à la pratique : donc pantagruélique, nous quittons le premier port où Amarante soit entré sans carte.

Le port est en effet tout neuf de l’année. La zone d’accès a des seuils à 2 mètres (là tu serres les miches et tu réduis l’allure); il y a une partie draguée à 4m, mais qui n’est pas signalée par autre chose qu’une ligne de bouées jaunes au sud, et un amer rouge avec feu sur le musoir sud. On le sait en sortant…

L’alignement du bord du quai d’accueil fait la limite Nord.

 

 

 

MdO est un port moderne, pas cher (85 € la première nuit, puis – 15% la deuxième pour les  16 x 4.60 m2 d’Amarante).

Accueil pro et sympathique.

       

 

 

 

Chenalage de sortie vers le phare Della Bocca et l’île Tavolara en fond de paysage

 

 

 

 

Et puis, en virant tribord, Amarante se refait une petite tranche de navigation entre les îles et la Côte.

Il en frétille de la quille.

 

 

 

 

Tu la vois, mon lecteur chéri, la petite épave de l’île To Rosso sur la carte?

 

 

 

La voilà, la vilaine.

 

Les épaves nous servent à rester en alerte : pour un marin, le cauchemar, c’est ça, même de retour à terre.

 

Merci Capitaine Inconnu d’avoir vécu cette tragédie, personne n’était à ta place pour prendre les décisions le jour où c’est arrivé. Même si tu t’es trompé : tu as droit au respect

 

 

Puis, au débouqué du passage de l’Isola Molara (tu suis sur la carte, hein, mon bougre ?), la vie de mer reprend ses droits.

 

Il y a toujours une petite angoisse avant un saut de plus d’une journée en méditerranée : les phénomènes météo sont relativement prévisibles, mais varient souvent en intensité et en durée, et ils se décalent.

 

Mais vite, la rotation des quarts impose son rythme de veille attentive, selon les principes stricts la convention Solas et de son corolaire français, l’Arrêté de novembre qui-va-bien, tandis que la canne de traine est mise à l’eau.

 

 

 

 

 

Mais la ligne de traine siffle tout soudain, comme le string de la femme du maire du village, lorsqu’il (le string) sèche au fil à linge dans le mistralet d’été, tandis que crissent les cigalons dans les effluves du pastis glacé (1/3 pastis, 1/3 eau, 1/3 glace, à renouveler trois fois avant le repas de midi).

 

Donc, ça a mordu !

 

Barratche  met le bateau à 2 nœuds, Espadasse   (le dépeceur…) affute sa lame, Cap Trou-d’O  empoigne le manche, et mouline, mouline, mon beau, en accompagnant la bestiole… et enfin, croche dedans.

 

 

 

 

 

 

 

Et hisse, et ouvre, et tranche, et premier carpaccio à chaud,

 

 

 

 

 

et filète,

 

       

 

 

et congèle , et sauté de thon blanc à la coréenne (tu fais mariner des cubes de thon frais dans de l’ail de printemps, avec jus de citron vert, sauce de soja, poivre, huile d’olive, et tu sautes ça à feu vif, en gardant le thon rose au cœur. Servir sur un lit de riz thaï, ou-mieux-japonais-mais-y-en-avait-pas).

 

 

 

 

Et rends à la mer les restes du jeu humain qui lui appartiennent.

 

 

 

 

 

 

 

Tandis qu’au loin Isola Tavolara s’endort dans un ciel de sang et que la nuit reprend ses droits sur la mer éternelle.

 

 

En mer, le 14 juin 2012

 

Captain Trudd dit aussi Cap Au Sud

 

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