S/Y AMARANTE
26.05.2010
Mon Espadon préféré, je t’espardonne ton journal de bord d’hier, au nom de la Fraternité et de l’Espoir dans un monde meilleur qui nous lie.
Donc, cher lecteur maritime, nous t’avons laissé alors que le soir tombait dans la calanque « Cala di Francese » de l’île magique de Maddalena.
Le sens marinprofonquimanime m’a certes fait changer quatre fois de mouillage ( une fois de plus depuis le récit de Laisse-pa’dong ), mais au moins, Amarante n’a pas raclé son fond de quille sur les capsules de bière, holoturies et cadavres de posidonies qui peuplent cette calanque pourtant si bien nommée.
Je découvre en fait qu’Amarante, avec ses 16 mètres et sa hauteur de franc bord a une prise au vent conséquente.
Alors Qu’Aquila Maris se contentait d’une classique longueur de chaine de 3 fois la hauteur d’eau, le Bel Esquif (Tu permets ?) demande, que dis-je, en exige au moins 4.
Captain Trudd, (prononcer ‘treud’), c’est toujours moi, aidé de ses fidèles et libres équipiers, en une plongée efficace répare l’hélice du propulseur d’étrave, in vivo.
Dès la sortie de l’eau, Trudd explique ce qu’il a fait et vu à ses fidèles lieutenants.
Au matin, Nous décidons (la mise aux voix est rapide et efficace) que nous passerons la journée au port de La Maddalena, afin d’avitailler avant la Grande Traversée.
Alors que la partance est programmée, L’Espadon, ce rostre, décide d’aller visiter une ancienne carrière de granit avec le Barack’. Il en reviendra espaté, et riche de ses découvertes des techniques anciennes d’extraction.
Restant seul, le Captain ajourne l’appareillage et reprend ses calculs de traversée.
L’appareillage a bien lieu, finalement, à 13h20, pour être précis.
A 13h30, nous laissons la Secca Di Mezzo Passo sur babord à 0,2 milles, et embouquons le chenal d’accés au port de La Maddalena.
Ici, cher Lecteur Maritime, je tiens à préciser que les termes nautiques utilisés sont rigoureusement authentiques, et que l’embouquement n’a rien à voir avec un bouc, mais avec les bouches, ou la bouche d’une rivière, chenal, etc… (Port de Bouc, par exemple). Donc pas de conclusions hâtives.
Les jetées sont franchies à 13h50, et aussitôt, la barque à boudins des officiers de port vient joyeusement à notre rencontre, et nous indique le poste 25 ou Amarante, fidèle à ses qualités de fin manœuvrier, s’accoste contre un bellâtre Italien bienmoinbo.
L’Officier de port, à qui nous donnons du Capitaine, est charmant.
A 14h00, Amarante est amarré sur pendille et deux amarres arrières, cul à quai. (Et oui, un navire a un cul, il cule, et remonte le cul au vent quand il bat en arrière, ce qui est bien pratique pour manœuvrer, je t’expliquerai la prochaine fois).
L’adjoint du Captain de port revient nous voir quatre fois avec le même papier à remplir, pour être sûr d’être payé. A chaque fois, il rencontre l’un d’entre nous, qui essaie son italien, en vain.
Nous paierons, sois en sûr.
Barrack Hudah’ch se précipite à terre, et revient avec pain et vin : la Tradition Gaelico-Judéo-Chrétienne est là !
Il se fait aussi refiler un gorgonzola qui court tout seul par la crémière du coin qui le traite de « belissimo francese » (Barrack, pas le fromage) : on aura tout vu !
Le gorgon, en fait, il a des pattes, mais il ne faut pas le dire.
Le déjeuner se tient fort tard, il faut en convenir, mais quel régal de viandes crues, aulx, oiegnons, basilicos, parmiggianoes, pinardasses Sardes, rosés, rouges zet diverses !
Le soir, amarré Rue du Quai, l’Equipage se détend.
La nuit se passe en rêves divers que chacun gère à sa manière.
27.05.2010
Au matin, l’équipage, coutumier des habitudes de bureau, se dit qu’on est vendredi, qu’on va encoresefairechier avec les imelles jusqu’à midi, mais qu’après, tous les gens normaux vont penser à leur wouikennede et qu’on peut enfin avoir la paix.
Du coup, on acquitte l’envoi ou la suppression, comme on pneu.
Il faut avitailler : plein d’eau, courses : pinard, grappa, parmiggiano, sopalin (l’ami du marin), 1 Kg de veau sarde, des pepperoni (Lespadong en VEUT), et de l’eau, si.
Appareillage à 11h20 en ce beau matin de printemps.
Les blaireaux de gauche (français) et de droite (l’Italo-bellâtre), sont déjà partis avec force gueulantes, chacun dans la langue de l’autre, c’est l’Europe… vive le Président.
Amarante, sans qui nous ne serions pas làh’, effleure le quai à gazole, et assume sa beauté en suçant délicatement 235 litres de gazole, jusqu’au plein, en prévision de la Grande Traversée.
Et enfin, Amarante sort des eaux déjà naviguées : cap au sud au travers des Petites Bouches (Tu te rappelles le Bouc ?).
Comme la Grande Traversée dure 36 heures, il est décidé par l’équipage, le Captain☸, de ⚓.
Donc, d’un Kommun Akord, après avoir passé la « Passo delle Bisce » à 8 nœuds pour 2500 tours au moteur (pardonne le vent, peu actif et de fort peu favorable direction, cher LM) ? Amarante, en son élégance, embouque (Tu as compris ?) la passe de l’Isola de Dei Poveri, et mouille⚓enfin 25 mètres de chaine inox 316L dans le SW de la Cala di Volpe par 5m de fond.
Là, il se passe ce phénomène que Toi, Marin, ou plaisancier averti, connais bien : dès que tu places ton navire dans un mouillage de rêve, particulier, calculé, ou tu as pensé à la hauteur d’eau, au vent, au p… de rayon d’évitage, à la distance de la jolie plage là bas, ou bien entendu il n’y a personne à 10 milles à la ronde, il y a un blaireau-à-boudin qui approche avec son mouille-cul-de-chiotte, et se dit que puisque ce trébobateau-là l’a fait, pourquoi pas lui !
Et bien sür, devines, il mouille dans ton rayon d’évitage… Sinon, à quoi ça sert d’avoir un bato ! !!! AHHRRRRGHHHHH ! Du coup, le Captain ☸ , y part en vrille : y met le maillot, et y part nager comme un malade.
Et en plus les blaireaux-à-boudins, y-sont humanophiles, Amarante en frémit du pot d’échappement, et suprêmement écœuré, dérape et appareille duà 3500 tours ( un 100 CV turboté, qui n’avait jamais connu çà, mais il faut un début à tout : ça fait 9 nœuds, quand même !)
Au nouveau point de ⚓, St Domingue, Gwadloup et Maw’tinik sont reléguées au rang de sous-destination nautiques.
Captain Trudd, en manque absolu de pureté marine, se vide une bouteille d’air dans le milieu marin local, non dénuée de vie: maints saupes, girelles, murènes, oursins, nichés au milieu de tombants rocheux et de champs de posidonies agrémentent la promenade sous-marine.
Le matos est au top ! (Val, tu sais, ça coutait pas plus cher que de sortir le bateau de l’eau à Bonif’)
Au dé-palmé (il y a bien le débotté), Laisse-Pardon et Baraque-au-Bas-Mot gonflent, gonflent et regonflent l’annexe, et lancent une expédition de reconnaissance à terre.
La nature en Sardaigne, est telle qu’on l’a connue lors de nos précédentes expéditions : grandiose !
Au⚓, calanque Di Volpe vendredi 28 mai 2010, fatigué, ivre de gorgon-mobile et envie de dodo.
Captain Trudd ☸