Du 1er au 8 juin 2009 – Corse (2)

S/Y Aquila Maris

 

 

 

Du 1er au 8 juin 2009 – Corse (2)

 

 

1er juin.

 

05h30. Dans l’ouest de la Grande Sanguinaire à 1,7’.

08h35. A quai à Ajaccio.

 

L’objectif est de trouver un shipchandler, ce que nous faisons.

Puis nous visitons la ville de naissance de Napoléon, dont le nom ou les effigies sont omniprésentes.

 

 

 

 

 

 

2 juin.

 

 

Je remplace la cadène sectionnée par un morceau de chaîne qui passe dans le chaumard bâbord arrière, et le relie à la chape du hauban d’artimon par un ridoir. C’est aussi efficace que la cadène.

Nous pouvons poursuivre le voyage sans souci.

Une dernière inspection des fonds : une liaison de jambette de plancher située au-dessus du point d’impact a cédé sous le choc. Il suffira d’un peu de résine pour réparer.

Ce bateau est quand même bien construit…

 

14h00. Appareillé d’Ajaccio.

Nous sommes poussés au largue par un vent de WNW de 20 nœuds.

 

 

 

 

 

18h50. Quand nous passons le Cap Muro, le vent tombe.

Nous mettons au moteur et jetons la ligne de traîne à l’eau. Sans succès.

 

20h30. Mouillé devant la plage de Cupabia 10 mètres de chaîne sur 2,50 mètres de hauteur d’eau.

Pas un chat, pas une bête à oreilles.

On s’entend respirer.

Un aboiement, lointain, une odeur de maquis, de feu de bois, le toit du monde au-dessus…

 

 

 

 

 

 

 

 

Ah, tout soudain, les bruits de bouteilles nous ramènent au présent.

Un punch planteur goyave plus loin, la fièvre du mouillage monte.

 

 

 

 

 

3 juin.

 

Quand on est bien, ça ne dure pas.

Dans la journée, la plage déserte hier soir s’emplit de baigneurs et de « dayboats ».

Un tour d’horizon à la jumelle nous fait repérer la Cala di Farru, sur la partie sud de la baie : la crique est déserte, les fonds sont sains.

 

 

 

 

 

 

 

Nous changeons de mouillage.

 

Au repas de midi, les dorades achetées à Ajaccio passent du barbecue à nos assiettes, garnies de sel, poivre et huile d’olive.

Servies avec un riz blanc parfumé et une sauce « Chien », arrosées d’un Bandol rosé suant sa fraîcheur : dans le carré, la concentration atteint des sommets.

 

Faudrait pas qu’on nous dérange, là…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et dans l’après-midi, nous montons une expédition à terre.

 

 

 

 

Balade à la tour génoise dite « de Capanella », qui domine le sud de la baie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et le soir venu, nous transférons un peu de matériel de bivouac.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ne regarde pas mon doigt, c’est la lune que je te montre.

 

 

 

Alimentation du feu « au tronc » par Espadon

 

 

 

 

 

 

Comme c’est un peu chaud pour la cafetière, on allume un deuxième feu.

 

 

 

 

Le soir de retour à bord, ça sent un peu le feu de bois et la saucisse grillée…

 

 

4 juin.

 

12h15. Appareillé du mouillage de Cala di Farru.

Nous étions partis pour Bonifacio, mais nous décidons d’escaler à Propriano et d’en faire le dernier port de la virée.

 

 

 

 

 

Mouillage dans la baie de Campomoro pour l’après-midi.

 

 

 

 

19h00. Accosté et amarré au port de Propriano.

 

 

 

 

                            

 

 

 

5 juin

 

 

Nous louons une tripe voiture, et visitons Sartène et la région.

 

 

 

 

 

 

 

 

6 juin

 

La météo annonce un vent de Sud-ouest modéré, et dans deux jours, de l’ouest assez fort.

Nous décidons donc d’appareiller aujourd’hui, quitte à faire une halte pour souffler aux Embiez.

Après les courses essentielles, nous avitaillons en carburant grâce à Marie-Ange, la pompiste, qu’il faut déranger chez elle.

 

11h50. Appareillé.

 

16h50. Le Cap Muro par le travers Tribord à 1,2’.

Le vent s établit du sud-ouest à 15 nœuds, et nous mettons à la voile.

 

 

 

7 juin

 

La nuit a été relativement calme sous un ciel chargé.

Nous sommes à la voile et au moteur et nous mettons la ligne de traîne à l’eau.

 

Et dans le quart d’heure qui suit, la ligne se tend en vibrant…

 

 

 

 

 

 

Le résultat est sans appel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous enveloppons la prise, un thon d’une vingtaine de kilos, dans des chiffons humides d’eau de mer, et nous nous concentrons sur la navigation qui devient mouvementée.

 

Car le vent est remonté à l’ouest à 22 noeuds, et il lève une houle de sud-ouest de 2 mètres environ qui rend la navigation assez inconfortable.

Aquila Maris embarque de l’avant.

 

 

 

 

 

 

Ça ne nous empêche pas de cuisiner, et de se mettre à table pour le déjeuner, pendant qu’un de nous est de quart (ici, objectivement, Espadon).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous sommes à une vingtaine de milles du Cap Sicié, et je suis de quart.

 

Le bateau est au petit largue bâbord amures, dans une houle formée qui prend Aquila Maris par la hanche bâbord, comme un pescadou ferait d’une cagole sur le Vieux-Port.

Le bateau part au surf et à l’abattée, puis ralentit au creux de la vague et se fait dépasser par la crête en partant au lof.

Le pilote est excellent, mais c’est assez rude.

 

Nous avons l’attention fixée sur le bateau et sur le cap Sicié qui approche.

 

 

 

 

 

 

A 16h15, j’entends un gargouillis énorme dans la VHF, et en arrière-plan une voix impérative et énervée.

 

J’entends avec difficulté : « voilier sous mon vent, ici la vedette DF 45 (*) des Douanes, stoppez immédiatement. »

Nous faisons un tour d’horizon, et stupeur : à quelques longueurs de bateau, effectivement, la DF 45 qui nous avait discrètement approchés par l’arrière, se dresse en dansant bord sur bord.

 

Du pont, des hommes en uniforme m’intiment du geste et du porte-voix l’ordre de stopper.

Je réponds professionnellement à la VHF : « DF 45, ici le voilier Aquila Maris FT 9566, vous êtes illisible, je vous reçois 1 sur 5. Je ne peux pas stopper mon navire dans ces conditions de mer. J’attends vos instructions. »

 

Je comprends alors le bruit sur la VHF : la DF 45 est si proche qu’elle sature ma radio. C’est pourtant élémentaire pour un marin de réduire la puissance de l’émetteur en liaison radio proche…

 

Les Douaniers ne rigolent pas, et leur commandant est furieux, au ton de la voix qui m’intime : « mettez cap à terre et ralentissez. »

 

Je mets le cap vers Toulon, presque vent arrière, et j’affale toute la toile en ne gardant que la grand-voile à un ris.

 

Alors là, on a vu le grand cirque : la DF 45 mets un zodiac à l’eau, avec 6 douaniers à bord : bottes de combat, treillis noir, arme au côté, qui vient se ranger sur bâbord arrière.

Le chef de la section d’intervention, un Premier Maître, très correct, me demande la permission de monter à bord, ce que je peux difficilement refuser…

Il exige que je reste en tant que capitaine du bateau en permanence à côté d’eux.

Je passe le quart à Espadon et Barracuda.

 

Les Douaniers vont passer le bateau au crible, soulevant les panneaux de pont, les matelas, ouvrant les équipets, les sacs persos, les portefeuilles, évidemment sans rien trouver de répréhensible.

 

Le chef, qui a commencé à discuter avec moi, apprend que je suis officier de Marine Marchande, Officier de réserve de la Marine, et il voit mes tapes de bouches offertes pendant mon service militaire.

Le ton s’adoucit : c’est un ancien marin.

 

Il appelle son commandant et lui dit : « Commandant, ils sont clairs. Le skipper est un officier de réserve de la Marine, tout va bien. »

Le commandant de la DF : « Rien à foutre : faites-leur les pare-battages ! »

Ça, ça veut dire qu’ils pourraient éventrer les défenses de quai pour vérifier que rien n’y est caché. Oups…

 

Heureusement, à ce moment, la VHF crache encore, et on entend : « DF 45, DF 45, ici le sous-marin de la Marine Nationale dans votre sud à 3 nautiques. Me recevez-vous, à vous. » (un sous-marin ne se nomme jamais).

La voix du commandant, très déférente : « Ici DF45, parlez. »

« DF 45, dégagez largement le champ, vous gênez ma manœuvre d’atterrissage. Terminé ».

 

Sur la radio que le chef portait au côté, on entend : « Vous rentrez à bord immédiatement. »

 

Le chef me sourit, et en enjambant le plat bord pour rejoindre son zodiac, mais cette fois-ci à tribord, il aperçoit la queue du thon qui dépasse de son tas de chiffons humides.

Il me dit : « Ce n’est pas un thon rouge, bien sûr ? »

Je m’entends répondre : « Heu non… »

Il me dit en rigolant : « La prochaine fois que vous en pêchez un, coupez-lui les nageoires et la queue, qu’on ne puisse pas l’identifier à l’œil… »

 

La DF 45 récupère son Zodiac et se dégage, moteurs à fond, et file vers Marseille à au moins 25 nœuds en brassant de l’eau de partout.

 

Entre-temps, le sous-marin a continué sa route, et passe tout près de nous sous le vent. Je vois distinctement le Pacha dans le kiosque, avec son homme de veille. Il me fait un signe discret de la main, et je vois un grand sourire…

 

Il faut dire qu’il y a beaucoup de plaisanciers dans la Marine Nationale à Toulon, et que de claironner sur les ondes que je suis Officier de Marine a pu déclencher une certaine empathie pour le petit voilier arraisonné dans des creux de deux mètres sous le cap Sicié par les Gabelous.

 

 

(*) La DF 45, c’est la vedette des Douanes basée à Marseille.

 

« Vent d’Autan » – DF45

 

DF 45 au chantier à Brest

 

Modèle:

PLASCOA 2100

Type/Classe:

Vedette rapide/ Haize Hegoa

Déplacement:

35 tonnes

Longueur:

28.7 m

Largeur:

5.55 m

Tirant d’eau:

1.5 m

Puissance:

1,100 CV (820 kW)

Vitesse :

28 nœuds

Rayon d’action:

500 milles


 

17h15.  Nous virons de bord, affalons toute la toile, et au moteur, le nez dans la plume, nous mettons le cap sur les Embiez, avec toujours ce vent d’ouest à 20 nœuds et la houle qui fait danser Aquila Maris.

 

20h00. Amarré au port de Saint Pierre des Embiez.

 

Notre préoccupation de la soirée va être de traiter le thon.

On a un spécialiste à bord, le Saigneur des Thons : Espadon.  

 

 

 

 

Tandis qu’il coupe, lave, vide et étripe, l’apéritif se met en place.

 

 

 

 

 

 

 

Nous n’insisterons pas ici sur la mise en barquettes.

 

 

8 juin

 

 

Nous rentrons à Corbières en 5 heures, entraînés par un vent de sud qui nous propulse au travers à 7 nœuds.

 

 

 

 

 

L’Estaque, Port de Corbières, le 8 juin 2009

 

Caposud

 

 

 

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