Du 28 au 31 Mai 2009 – Corse (1)
Espadon
, Barracuda
et moi
repartons pour une virée Corse.
Une classique « corse sud » avec escale à Calvi : la météo est plutôt favorable, mais capricieuse en ce moment.
Météo France
……
6/ Tendance ultérieure :
Mercredi 27 Mai et Jeudi 28 Mai :
Mercredi : Fort vent de Nord-Ouest sur le golfe du Lion. Vent
modéré de secteur Nord-Ouest sur la Corse.
Jeudi : Vent modéré de secteur Nord-Ouest sur le golfe du Lion.
Vent modéré de secteur Nord-Est entre Corse et Continent.
indice de confiance : 2.
Vendredi 29 Mai et Samedi 30 Mai :
Vent modéré de secteur Nord-Est, devenant faible Samedi.
indice de confiance : 2.



La Corse, on connait, mais cette année encore, on y retourne.
Y’a la Corse, bien sûr, toujours aussi belle, le Lonzu, le Patrimonio rouge, le Niulincu avant les mouches, et surtout, on y va hors saison. L’eau y est belle, les poissons sont de pêche locale et on est bien accueillis : les Corses ne sont pas fatigués par les touristes.
Les touristes, ils nous fatiguent à nous, alors les Corses, peuchère, je te dis pas!
28 mai
13h40. Appareillé de Martigues.
La mer est belle, le vent de SSW 5 à 6 nœuds. On marche à la voile et au moteur.
Au passage des Iles, c’est presque pétole. (Quand on dit « les Iles, c’est les îles de Marseille, pas besoin de préciser).

22h00. Accosté à Porquerolles.
Escale technique. On fait le plein de gas-oil, un restau à terre genre-style pizzeria et quelques courses essentielles : viande (le boucher de la place est excellent), cahouettes, tapenade et pastis.

29 mai
11h40. Appareillage.
L’île du Levant s’évanouit sur l’arrière-bâbord.
Le vent est favorable et nous permet de mettre toute la toile dehors, au grand-largue, tribord amures.


Le bateau vogue, les marins vaquent, de l’instant pâmés, contents, contemplant sans les compter les plans instantanés qui se succèdent.
Enfin, je veux dire, ils sont bien.



Et Aquila Maris est bien aussi.
La meilleure allure pour un ketch à quille longue, c’est le « largue ».
Une fois les voiles réglées en surface et en orientation, le navire presque droit sur l’eau, suit sa route et se corrige de lui-même dans les effets de vagues et de vent : la barre, et le pilote auto ne travaillent qu’en suivi ou en correction.





30 mai
J’ai pris le quart à 05h00 et vers 07h00, nous arrivons sur La Revellata, la pointe qui garde la baie de Calvi.


08h05. Dans le Nord de La Revellata, à 0,07’.


Nous passons la citadelle.

L’équipage contemple.


08h50. A quai à Calvi.
Après avoir mis le bateau en ordre, et jusqu’au déjeuner que nous prenons à bord, nous profitons de ce moment sublime qu’est l’arrivée au port après 21 heures de traversée.


La blague fuse, l’humeur fleurit, et vers midi, le pastis s’impose.

L’après-midi se passe aux courses : produits de l’île, poisson frais, suivies d’une balade le long de la plage au sud de la baie.

31 mai
15h30 Tout largué, appareillé.
On remonte l’annexe sous les bossoirs.

Passé La Revellata, nous mettons cap au sud-sud-ouest, Génois et Grand-voile en ciseau au vent arrière, poussés par un petit vent frisquet de nord-est.

Notre destination est Propriano.

Pour passer le golfe de Porto, soit on fait le tour de l’île di Gargali (ou De Gargalu) côté large, soit on emprunte le passage entre l’île et la Corse.
Comme j’ai déjà pris ce passage il y a quelques années avec Profitéole, et que j’aime bien raser les cailloux, je me décide pour le passage.

Il est tordu le passage : il est en chicane, et il faut éviter un écueil sur bâbord à la sortie vers le sud.


On approche au moteur seul, on serre à droite, puis on serre les fesses…

Et crack : je plante le bateau sur l’écueil de sortie.
A 5 nœuds, le bateau monte sur le récif, et s’incline de 15 degrés sur bâbord.
Le choc est violent.
Le grand mât fouette entre ses haubans, et la cadène du hauban arrière-bâbord du mât d’artimon, elle, casse net. Le mât reste en place.
Je fais une inspection rapide des fonds pour vérifier une éventuelle voie d’eau : rien d’anormal.
La tête du Grand-mât est très proche de la falaise à bâbord, et un fond de houle fait monter et descendre le bateau, qui roule sur son point d’appui, mais heureusement ne talonne pas.
Je sangle rapidement le bas du hauban au chaumard qui se trouve à peu près dans l’axe du hauban, puis je demande à mes équipiers d’aller sur bâbord pour augmenter la gîte, tout en essayant des manœuvres arrière et avant au moteur et à la barre. Rien ne bouge. Nous sommes tanqués comme des ânes.
Alors nous voyons arriver à l’horizon celui qu’on appelle souvent le « promène-couillons », ce bateau qui fait visiter la côte aux touristes de tous les ports du monde…
Le gars est brave, et il a tout de suite compris.
Il me crie au passage : « je passe de l’autre côté, je débarque mes passagers, et je reviens vous passer une haussière ». Normal : les passagers d’abord.
Pendant ce temps-là, j’avais gardé le moteur embrayé à 1500 tours, et la barre à droite.
Au moment où la vedette passe, par effet de petit fond, elle lève une vague d’un mètre qui remet Aquila Maris à flot, et le moteur étant en route, barre à droite, le bateau se dégage en quelques secondes.
Heureusement que j’avais gardé le moteur : sans lui, la vague aurait fait talonner Aquila sur son rocher.
Il faut absolument que j’inspecte le fond de quille, et le temps étant au calme, nous décidons d’aller mouiller dans la baie de Girolata, toute proche, précisément dans la Cala Mureta.
19h30. Mouillé 20 mètres sur 8 mètres de fond Cala Mureta.


Nous avons un trou de 15 cm de diamètre dans le bulbe de lest, sur le côté bâbord de la quille.
Rien de grave pour la sécurité : le bulbe de quille est plein de plomb et de béton et ne communique pas avec la coque.
J’aurai eu une unité à quille centrale, les boulons de celle-ci auraient cassé net. La pente de la quille longue a atténué le choc.
Il faut réparer la cadène, ce que je ne veux faire qu’à Marseille, et je dois donc remplacer ma sangle de fortune par un système un peu plus technique. Nous décidons d’escaler à Ajaccio car il nous faut un shipchandler outillé.
Dans ce mouillage tranquille, nous dînons au calme.
23h30. Appareillage.
Le vent de sud ne nous permet pas de mettre à la voile sans louvoyer, ce que je déteste. Nous traçons donc au moteur vers les Iles Sanguinaires qui marquent l’entrée du golfe d’Ajaccio.
En mer au large du Cap Rossu, le 31 mai 2009
Caposud
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