1997 – 1999 – Fos et Côte Bleue

 

 

 

S/Y Aquila Maris

 

 

Année 1997

 

 

C’est une année d’apprentissage.

De plus, Aquila Maris est clairement en manque d’entretien. Les premières navigations auront donc leur lot de pannes et incidents divers.

 

Aquila Maris est amarré dans le grand bassin de Port Saint Louis du Rhône.

La ville de Port Saint Louis n’a pas grand attrait. Il y a quelques restaurants corrects.

La ville et le port sont balayés par le Mistral et la poussière qu’il lève sur la plaine de la Crau, sous les fumées industrielles de Fos et Lavéra par vent d’Est, et kafie (pleine de… en marseillais) de moustiques quand il n’y a pas de vent.

 

 

 

 

 

 

Mais il y a de la place au port, un shipchandler et un voilier. Autre inconvénient : pour trouver des coins de mouillage sympas, il faut au moins passer le cap Couronne, à deux heures de navigation en chenal et dans le golfe au milieu des navires de commerce au mouillage.

 

 

 

 

 

Mais pour le début, ça ira, d’autant que j’habite Lançon de Provence à cette époque.

 

 

 

13 mars.

 

Sortie avec des anciens de la CGM (Compagnie Générale Maritime).

Alexis M, Jean Pierre LG, Hugo M.

Pour cette première sortie, nous irons au Frioul.

Nous subissons une avarie de barre : la chaine de transmission de la barre vers les drosses se bloque : rouillée… WD 40 existe déjà et nous sort d’affaire.

 

 

 

19 Avril.

 

Sortie avec la Haute Patrouille des Scouts d’Europe de Salon de Provence, dont je suis l’ACDE (Sorte de grand chef pour les éclaireurs).

La flamme des Scouts d’Europe est arborée aux barres de flèches.

 

 

 

Nous mouillons au Cap Couronne dans l’anse de la Baumaderie.

 

 

 

 

1er juin

 

Sortie dans le golfe de Fos avec Pascal et Isabelle R.

Le mistral souffle à 25 nœuds.

A l’empannage, je ne rentre pas l’écoute assez vite et le vent emporte la grand-voile : la bôme casse au ras du vis-de-mulet.

On rentrera au moteur sans autre dommage.

 

 

 

 

Année 1998.

 

 

Cette année, je fais un carénage, et j’équipe Aquila Maris en VHF, centrale de navigation Navico avec sondeur, loch et anémomètre et je mets le bateau aux normes de sécurité françaises, avec une survie neuve.

Il manque encore un pilote auto qui fonctionne (le vieux Decca est hors d’usage) et j’aimerai une cartographie électronique avec gps. Ce sera pour plus tard.

 

 

 

28-29 mars

 

Mon ami Gérard Faux qui m’a fait découvrir la rade de Marseille et ses calanques, m’a invité à une sortie en mer des Frères de la Côte de Marseille. Ça s’appelle un Boucan, comme je l’apprendrai plus tard.

 

Il nous faut quatre heures pour rejoindre le Frioul.

A l’arrivée, nous tombons en panne de moteur devant l’entrée du port du Frioul. C’est une pilotine de la station de pilotage qui nous poussera à quai, sans dommage.

 

 

 

21 -22 juin

 

Le bateau étant considéré comme un « vieux-gréement », j’ai été démarché par l’organisateur d’une journée consacrée à ces bateaux au port des Heures Claires d’Istres. Le port est sur l’étang de Berre.

 

Nous partons avec Alexis M. et sa famille, Profitéole, et Folle de Bassan. A cette époque, ces sobriquets n’existaient pas encore …

 

Nous ferons une navigation par temps calme, avec la plupart du temps 20 cm d’eau sous la quille, à l’arrivée, notamment.

 

 

 

                

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il fait beau et l’ambiance est festive et bon enfant. Ce sera la seule navigation d’AM sur l’Etang.

 

 

 

 

Septembre 1998

 

 

Je passe ce mercredi à bord à bricoler. Folle de Bassan est avec moi : elle n’a pas cours.

Mon ami Didier, le shipchandler passe me voir en début d’après-midi. Il est fatigué et me propose d’aller faire un tour avec Aquila Maris. Comme c’est un pro de la voile, je ne me pose pas de question et nous appareillons.

 

Evidemment, le bateau n’a pas été vérifié avant le départ alors que des travaux ont eu lieu sur le gréement, et évidemment encore, je ne regarde pas la météo puisque Didier la regarde chaque jour.

 

Deux grosses erreurs que je ne referai plus jamais.

 

Nous sommes à la voile, « tout dessus » comme on dit, c’est-à-dire toute la toile dehors, génois de beau temps compris.

Pendant la « descente du Golfe vers le Cap Couronne, le Mistral se lève et s’établit immédiatement à 25 nœuds.

 

Nous gardons l’allure pour nous dégager du cap, mettons AM bout au vent, pour changer de foc en ayant préalablement affalé l’artimon.

Je suis à l’avant à me battre avec la toile qui faseye, et Didier qui est à la barre, ne remarque pas que l’écoute de génois traîne dans l’eau. Il embraye le moteur pour reprendre le lit du vent, et le moteur se bloque… L’écoute est dans l’hélice. Heureusement, le safran n’est pas bloqué et la barre est libre.

 

Le vent est maintenant à 30 nœuds.

AM est travers au vent, avec sa grand-voile qui faseye. Il faut prendre au moins deux ris. Je viens de changer les bosses de ris, mais j’ai fait une erreur au remontage : une des bosses ne passe pas dans sa poulie. Alors que j’étarque les bosses, l’autre poulie s’arrache de la bôme…

 

Nous avons réussi à bosser la grand-voile au troisième ris juste au coucher du soleil.

Aquila Maris, privé de son foc ne que tirer des bords « carrés » c’est-à-dire qu’il est impossible de remonter le vent et pas question de manœuvrer pour la rentrée dans le chenal de Port Saint Louis sans moteur…

 

Nous avons passé la nuit à tirer des bords à l’abri relatif du cap Couronne, par des creux de deux mètres.

Ma pauvre Folle de Bassan était terrorisée, roulée en boule au fond du cockpit balayé par les paquets de mer.

 

Sale moment pour un père.

 

Au petit matin, Didier a appelé un des ses copains pêcheur de gros qui est venu nous prendre en remorque avec son Boston-Whaler de 400 chevaux.

 

Je crois qu’en une sortie j’ai appris tout ce qu’il fallait et ne fallait pas faire sur un voilier :

  • Un seul chef, absolu. Quand on est deux, ou plus, marins, et qu’on s’appuie sur l’expertise de l’autre sans désigner le chef, c’est le wouaï.
  • Vérifier tout le gréement et les manœuvres en plus du moteur et des instruments.
  • Prendre la météo. Avec 30 nœuds annoncés, si on est dedans, on y reste, sinon, on ne sort pas.
  • Une fois qu’on constate une stabilisation de l’avalanche de coïncidences, la tension retombe, et on se retrouve dans une situation nouvelle, certes dégradée, mais stable. L’esprit se remet à fonctionner en mode « normal ».

 

 

 

 

Année 1999

 

 

Cette année, au carénage de printemps, je passe la couleur des œuvres vives en noir. Les tauds de voiles sont remplacés.

 

 

 

 

 

 

 

15-21 avril

 

 

Gérard Faux a fait de moi un invité régulier des Frères de la Côte, et il souhaite m’y faire entrer.

Le processus est long. On est invité pendant un an, puis on est « engagé » pendant un an encore avant d’être intronisé.

La confrérie compte de nombreux navigateurs transatlantiques, et même un tour-du-mondiste. L’ambiance est faite de bonne humeur, de fraternité et de tradition maritime.

 

Toujours est-il qu’il me propose de faire un aller et retour sur la Corse avec moi sur Aquila Maris.

 

 

 

 

 

 

Nous partons dans une queue de Mistral à 25 nœuds et traversons en 24 heures pile : 7 nœuds de moyenne au portant, avec une pointe à 9 nœuds en arrivant à Calvi.

 

                

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous aurons le temps de visiter la Balagne et de rendre visite à un Frère qui vit à Ajaccio, en prenant le train.

Gérard « Le Ponantais » me fera cadeau de mon livre de bord, avec une dédicace,

 

 

 

 

 

et pendant la traversée retour et nos discussions de marins, nous trouverons mon futur nom de Frère de la Côte : « Hisse A Bloc ». Il faut dire qu’on n’a jamais pris un ris dans la grand-voile même par 30 nœuds au portant…

 

 

 

12-13 juin

 

Sortie avec Folle de Bassan et Cymbae.

 

 

 

 

 

 

Nous faisons escale pour la nuit au Frioul et naviguons dans les îles de Marseille, Riou et Jarre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au retour, le moteur tombe en panne à 15 mètres du quai. On finira par se déhaler en passant un bout à l’aimable skipper d’un autre bateau.

 

Le remplacement du moteur devient une priorité : les pannes sont fréquentes en manœuvre, malgré mes interventions sur le circuit gas-oil et la pompe d’injection.

 

Mais 1999 est une année de chômage pour moi, et les finances sont à marée basse.

Le bateau est mon exutoire pendant ces longues journées d’attente.

 

 

Caposud

 

 

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