
Ces navires sont construits pour embarquer du matériel roulant par une porte hydraulique arrière, d’où leur nom de type « roulier » ou « Ro-Ro » en langage appauvri.
La série des « Peintres »

M/V Utrillo
Six porte-conteneurs rouliers de la série dites des « Peintres » du fait de leurs noms : Cézanne, Degas, Gauguin, Monet, Renoir et Utrillo, sont mis en service entre 1977 et 1978.
Longueur HT: 163,80 mètres
Largeur HT: 26,50 mètres
Tirant d’eau maxi : 10,74 mètres
TPL : 19 669
Pour la manutention horizontale (roulage), ils sont munis d’une rampe oblique à l’arrière-tribord et d’un garage à trois entreponts avec rampes intérieures.
Le pont principal muni de panneaux de cale de type « Ponton » est accessible via une porte étanche hydraulique
En manutention verticale (grutage), les 4 cales admettent 330 EVP et le pont 307 EVP.
Gréement : trois puis quatre grues Bisonneaux & Lotz : 2 de 40 tonnes jumelables et une puis 2 grues de 25 tonnes après jumboïsation.
Les navires sont équipés de deux S.E.M.T Pielstick 18PC2 5V- 400 pour une puissance maximale de 23400 cv qui entrainent une seule hélice à travers un double réducteur, donnant une vitesse maxi de 19,25 nœuds.
Un propulseur d’étrave avant de 750 cv les équipe.
Les équipements de propulsion ne seront jamais utilisés à leur puissance maximale, étant donné leur fragilité en fonctionnement au fuel lourd et le début de la navigation « économique ».
Ces plans de ces navires ont été approuvés par les services de l’Etat qui ont exigé que les ponts destinés au matériel roulant supportent la masse concentrée d’un ensemble de chars d’assaut.
Dès leur construction, ils ont été conçus pour être rallongés d’une cale, ou « jumboïsés » pour employer le terme en vigueur issu de la langue outre-manchière, ce qui fut fait dans les années 1980.
Ces véritables « couteaux suisses » ont été construits spécialement pour la desserte des DOM/TOM et ont été ont donc affectés aux lignes ex-Messageries Maritimes dont ils ont porté la « cravate » blanche sur la coque pendant encore quelques années.

M/V Renoir
La série des Rouliers « ROSTAND, RODIN et ROUSSEAU »
Pour leur dernière commande en 1976, juste avant la fusion définitive entre les deux compagnies Messageries Maritimes et Compagnie Générale Transatlantique, la Compagnie des Messageries Maritimes, mets en service 3 rouliers porte-conteneurs qui porteront ces grands noms français commençant par les lettres « RO ».
Ce sont des navires munis d’une rampe hydraulique arrière-tribord, et de panneaux de pont de type « Ponton », mais dépourvus de gréement de manutention.
Longueur HT: 207, 40 mètres
Largeur HT: 29,62 mètres
Tirant d’eau maxi : 10,00 mètres
TPL : 29 562
Puissance machine : 20 490 KW
Vitesse max : 17,5 nds
Ces navires sont eux aussi renforcés pour le transport de matériel de guerre, et l’un d’entre eux sera affrété par l’Armée française lors de l’opération « Epaulard » au Liban en 1982.

Mes embarquements
Janvier 1982 _ Renoir
J’embarque à Marseille comme officier mécanicien / électricien.
Le navire est chargé après sa tournée européenne à destination de Karachi, Bombay, Colombo et Calcutta.

Je vais passer tout mon voyage aller dans les grues de pont à assurer la maintenance des apparaux de levage. En effet, les grues ne sont pas utilisées en Europe, et leur entretien est laissé à l’équipage du voyage « aller ».
Le temps calme dans le canal de suez permet de mâter les grues pour assurer la maintenance.

Dans les grues, c’est littéralement « dégueulasse ».
Les dockers indo-pakistanais passent tout leur shift sans sortir de la grue et donc ils y mangent et y assurent leurs besoins.
Les escales de cette tournée indienne sont marquantes.
Karachi et son bazar.


Bombay, la fourmilière humaine.


Nous n’aurons pas le temps de visiter les taudis de Calcutta.
Colombo.
Ile de Ceylan, ou Sri-Lanka maintenant.
A Colombo même, les mendiants et les cadavres se côtoient dans les rues au milieu d’une foule indifférente et toujours affairée.

Et on trouve aussi sur l’île des plages de rêve.

Juillet 1982 – Rousseau.
La Compagnie m’embarque comme lieutenant mécanicien et je retrouve la ligne du Pacifique pour mon troisième tour du monde.
Le navire décharge ses engins roulants et ses conteneurs à Papeete et Nouméa, puis fait escale à Surabaya, Djakarta et Singapour.
A Papeete et Nouméa, je suis en terrain connu et je saurai profiter de ces belles escales.
Nouméa.
Balade vers Hienghène au nord-est de l’île.


A Surabaya, en Indonésie, nous sortons groupés : les soldats tirent à vue sur les voleurs du port, et une balle perdue est toujours possible.
Un soir de l’escale, en allant manger une brochette sur la rue principale, mon collègue lieutenant pont se fait arracher son collier en or. Pourtant on nous l’avait dit…
Nous bouclons le tour de la planète en faisant notre dernière escale à Singapour.
Singapour.
La ville a démarré sa métamorphose, et Bugis street est déjà une rue de shopping bien propre.
On y retrouve l’ atmosphère tropicale lourde et la vielle ville et les nouvelles constructions qui commencent à dominer le paysage.


Juillet 1983 _ Utrillo
Après un séjour en Allemagne au centre opérationnel de Hambourg, je suis rappelé pour mon premier voyage de Second Capitaine.
J’embarque sur la ligne du consortium « Capricorne », le long de la côte Est-Afrique vers les Seychelles, Madagascar, La Réunion et Maurice.

C’est le premier commandement du Pacha qui est un vieux Second ex-Transat, bon marin toujours de bonne humeur, et je ne peux tomber mieux.
Je retrouve l’Océan Indien de mes premiers embarquements (et de mes futures missions), avec la même joie.
Mahé aux Seychelles. 2 jours d’escale, mais en tant que Second Capitaine, on a peu de temps pour aller à terre.
A Tamatave, ce sera 4 jours d’escale.
On apprend que le « Chat Botté » a brûlé. Mais les lieux de relâche maritime de manquent pas.
J’ai le temps de me faufiler à terre en laissant la surveillance du déchargement à l’Officier de garde, mais le Pacha reste à bord…
Il m’en reste de belles images.


Le pays ou j’ai vécu mes belles année d’adolescence a bien changé sous le régime prochinois du président Ratsiraka. La pauvreté et la prostitution font rage et malheureusement les maladies consécutives aussi.
Le Second Capitaine étant le médecin du bord, je me collerai donc aux injections spécialisées dès le retour vers l’Europe.
Ce sera mon dernier voyage vers les tropiques sur les lignes « ex-Messageries ». Les suivants m’emmèneront vers les lignes « où on bosse… » 🤣, celle de « la Transat ».
M/V Utrillo
Septembre 1983
Caposud
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